Nous travaillons sur la place de chacun dans ce monde. Nous questionnons comment habiter l’espace public, et la manière dont l’art peut rendre compte de cette Terre habitée.

Aujourd’hui nous venons poser la question « Si on t’offre une chaise, où irais-tu t’asseoir dans le monde ? »

Chacun peut crier, utiliser des stratagèmes de forme… Oui il y a les différentes langues, mais la parole reste toujours ce que l’on partage (et qui permet de partager) entre Hommes de toutes conditions. Que je sois pauvre ou riche, dominé ou puissant, j’ai la parole, « j’utilise » la même parole.

Nous venons chercher ce socle commun, ce commun, cet universel chez chacun. Il s’agit qu’on l’écoute, qu’on le lise, qu’on le partage.

L’être humain est doué de poésie et d’une grande perspicacité, d’une profondeur, d’une forte présence à soi et au monde.

Quand est-ce qu’on interroge cette présence à soi et au monde ? Rarement. Et pourtant, il suffit d’entamer une discussion et les mots s’enchaînent, sans retenue, avec force et douceur. Nous touchons la moelle épinière du sentiment d’être humains, mortels, et donc intrinsèquement égaux comme humains dans le monde dans lequel nous sommes.

Chaque individu s’approprie, se constitue une narration de soi, sans cesse renouvellée. Il ne s’agit pas d’une histoire objective, mais de celle que, scripteur de notre propre vie, « nous » racontons » sur nous-même. L’identité personnelle se constitue ainsi au fil des narrations qu’elle produit et de celles qu’elle intègre continuellement.

Ainsi, la parole que nous venons récolter existe-t-elle préalablement à la rencontre. Elle n’est, la plupart du temps, non conscientisée, mais une fois la question posée, le fil se déroule, sans anicroche, sans doute.

La laine est un matériau qui accompagne l’homme depuis environs 5000 ans. Combien de mains ont ainsi cardé, filé, tissé ?

La laine comme lien archaïque, inattendu, chaud, coloré, tactile.

La laine comme un retour aux sources, aux longues soirées d’hiver où le temps s’étend.

Comme fil du récit, comme égrenage de mots. La laine qui défile, c’est comme voir un lot de pensées en vrac qui se rembobinent, s’organisent.

Inventaire.

Viviane Rabaud, Tugdual de Bonviller, mars 2021

Les partenaires et soutiens sur cette résidence de création :

Résidence pilotée par le Centre Culturel Le Chaplin, dans le cadre du programme de résidences artistiques. En partenariat avec le bailleur Les Résidences Yvelines-Essonne, la Ville de Mantes-La-Jolie, la Ville des Mureaux et la Ville de Chanteloup-Les-Vignes.
Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, de la Préfecture des Yvelines et de la Ville de Mantes-la-Jolie.